| 05-06-2014 (3521 ) | Categoria: Articles |
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 ![]() Cette description, la premiÚre du genre, est extraite du prestigieux « Theatrum Sabaudiae » ou, plus exactement Theatrum Statuum Regiae
Celsitudinis Sabaudiae Ducis Pedemontii Principis Cypri Regis publiĂ© en 1682, Ă la suite dâune commande des ducs de Savoie.
Bien Ă©videmment il ne sâagit pas dâun « guide touristique », au sens moderne du terme, mais plutĂŽt, ce Théùtre des Etats de son Altesse Royale le Duc de Savoye, Prince de PiĂ©mont, Roy de Cypre , constitue un manifeste politique qui devait montrer aux autres puissances europĂ©ennes, et principalement Ă la Cour de Versailles, lâĂ©tendue, lâopulence, la variĂ©tĂ© et la respectable anciennetĂ© dâune principautĂ© essentiellement alpine, Ă lâexception du comtĂ© de Nice, et qui aspirait Ă la dignitĂ© royale.
Charles-Emmanuel II
Lâinitiative en revient au jeune duc Charles-Emmanuel II qui, encore placĂ© sous la rĂ©gence de sa mĂšre, Marie-Christine de France, sĆur du roi Louis XIII, incita, dĂšs 1657, la Commune de Turin Ă faire la relation et Ă lever les plans, non seulement de la ville mais des lieux de plaisance des environs appartenant Ă leurs « Altesses Royales ». Le duc fit appel au cĂ©lĂšbre Ă©diteur dâAmsterdam, Joan Blaeu, qui avait dĂ©jĂ fait paraĂźtre un Theatrum illustrĂ© de gravures des principales villes de Flandres. La rĂ©daction de lâouvrage devait suivre un plan clairement Ă©tabli faisant ressortir les diffĂ©rents thĂšmes choisis : la gĂ©ographie, lâhĂ©ritage de lâAntiquitĂ© romaine, la prĂ©sentation des monuments et des Ă©glises, lâĂ©vocation des paysages ruraux et urbains, les productions de lâagriculture et de lâartisanat ; enfin, quelques prĂ©cisions relatives aux hommes illustres. Faute dâun financement suffisant, les villes elles-mĂȘmes devant contribuer Ă la dĂ©pense, dans un contexte Ă©conomique dĂ©sastreux, lâentreprise connut un retard considĂ©rable. Elle faillit mĂȘme ne pas aboutir en raison dâun terrible incendie qui, dans la nuit du 2 au 3 fĂ©vrier 1672, dĂ©truisit presquâentiĂšrement lâimprimerie des Blaeu qui employait alors pas moins de huit cent ouvriers.
Victor-Amédée II
Câest alors que Charles-Emmanuel II dĂ©cida de ne plus se limiter aux seules villes du PiĂ©mont mais de reprĂ©senter Ă©galement ses possessions dâau-delĂ des Alpes, la Savoie et le comtĂ© de Nice. Il faudra encore dix ans pour que le travail soit achevĂ©, sous le rĂšgne de Victor-AmĂ©dĂ©e II. Pour la rĂ©daction de lâouvrage, on fit appel aux plus Ă©minents spĂ©cialistes du duchĂ©. Citons parmi eux Carlo Morello et son fils Michelangelo mais surtout Giovanni Tommaso Borgonio pour les illustrations et les relevĂ©s topographiques, dâune Ă©tonnante prĂ©cision. Quant Ă la direction Ă©ditoriale, elle fut confiĂ©e Ă Pierre Gioffredo, originaire de Nice, historien de la Maison de Savoie et prĂ©cepteur du futur duc Victor-AmĂ©dĂ©e II. En janvier 1682, les Blaeu annoncĂšrent Ă la rĂ©gente, Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours que lâouvrage Ă©tait terminĂ©. La premiĂšre Ă©dition du Theatrum, rĂ©digĂ©e en latin, comprenait quarante-cinq exemplaires originaux, quatre autres immenses exemplaires dont les planches Ă©taient colorĂ©es et un cinquiĂšme en noir et blanc. La livraison en fut faite par voie maritime. On fit construire en Hollande, oĂč travaillaient les meilleurs charpentiers de marine de lâĂ©poque, deux navires, le « Saint-Victor » et le « Saint-Jean-Baptiste », Ă bord desquels les prĂ©cieux volumes furent transportĂ©s, entre mai et novembre 1682. Les vaisseaux arrivĂšrent Ă Villefranche et de lĂ un convoi de mulets achemina les livres rangĂ©s dans des tonneaux jusquâĂ Turin. Cette premiĂšre Ă©dition offerte en cadeau par la RĂ©gente aux diffĂ©rentes cours europĂ©ennes, connut un large succĂšs. Pour autant les Ă©diteurs Ă©taient loin dâĂȘtre rentrĂ©s dans leurs frais. Aussi, en 1693, Pieter et Joan Blaeu dĂ©cidĂšrent-ils de publier une seconde Ă©dition, cette fois en nĂ©erlandais pour rendre lâĆuvre accessible Ă un plus large public. En 1700, leur gendre, Adriaen Moetjens, qui avait repris lâentreprise dâimprimerie, publia une traduction française. En 1725, un autre Ă©diteur installĂ© Ă La Haye, Rutgert Christophle Alberts, fit un second tirage en français, dont est tirĂ© le texte prĂ©sentĂ© ici. Il faudra attendre 1960 pour quâenfin une Ă©dition en italien soit publiĂ©e Ă Turin !
Frontispice de lâĂ©dition de 1725
 Description de la ville de VillefrancheVILLEFRANCHE de Nice, diffĂ©rente de Villefranche de PiĂ©mont, est Ă©loignĂ©e de Nice dâenviron deux milles vers lâOrient sur le bord dâun Golfe entourĂ© de montagnes & de rochers, oĂč les Alpes maritimes abaissant leur sommet forment un port entre deux promontoires, qui se recourbent ; dont celui qui est Ă lâOccident sâappelle Mons Bonosus ou Boson, & lâautre Ă lâOrient se nomme Male-langue. Pline, PtolĂ©mĂ©e et les autres bons gĂ©ographes de lâAntiquitĂ© lâont appelĂ© le Port dâHercule de MonĆcus, Herculis MonĆci Portus ; qui est diffĂ©rent de la Rade de Monaco, comme parlent les Italiens, ou de Mourgues, selon les Français. Lucain fait mention de ce port et de cette Rade, dans le Liv. I de sa Pharsale, en ces termes : QuĂąque sub Herculeo sacratus nomine Portus
Urget rupe cavĂą pelagus ; non Corus in illum, Jus habet aut Zephyrus ; solus sua littora turbat Circius, & tutĂą prohibet statione MonĆci. Et PtolĂ©mĂ©e dĂ©crit sĂ©parĂ©ment dans sa troisiĂšme carte de lâEurope, le Port dâHercule, qui est Villefranche, & celui de MonĆcus, qui est Monaco. AprĂšs lâembouchure du Var, dit-il, on rencontre sur la mer de Ligurie, Nice Colonie de ceux de Marseille, le Port dâHercule, qui est Villefranche, les TrophĂ©es dâAuguste, câest-Ă -dire Torbia, & le Port de MonĆcus, qui est Monaco. Et Silius dans le Liv. XV. de la Guerre Punique, appelle les Collines dâHercule, & les Rochers couverts de nuages de Monaco, les montagnes qui sont entre ces deux Ports, & que lâItinĂ©raire dâAntonin nomme les hautes Alpes : voici les vers de Silius Italicus :
Interea Rutulis longinqua per aequora victis
Herculei ponto coepere existere colles, Et nebulosa jugis attolere saxa Monoeci. Mais quand les Anciens parlent du Port dâHercule de MonĆcus, cela se doit entendre du Port de Villefranche. Et câest, sans doute, en ce sens quâil faut prendre ce que dit Tacite au Liv. III de son Histoire ; oĂč aprĂšs avoir rapportĂ© que Fabius Valens, Ă©tant parti du Golfe de Pise, fut contraint de relĂącher dans le Port dâHercule de MonĆcus, il ajoute que Marius Maturus, Gouverneur des Alpes Maritimes, nâĂ©tait pas Ă©loignĂ© de lĂ , Ă©tant Ă Cemenelion, ancienne ville maintenant ruinĂ©e, prĂšs de Nice, du cĂŽtĂ© du Nord. ![]() Les Barbares sâĂ©tant emparĂ©, dans la suite, de lâItalie & des Gaules, ce Port fut beaucoup moins habitĂ©, ceux qui demeuraient ayant laissĂ© leur ancienne habitation prĂšs de la mer, pour mettre Ă couvert de lâinvasion des Barbares leurs personnes & leurs effets, & sâĂ©tant allĂ© Ă©tablir sur le sommet dâune montagne, oĂč ils bĂątirent un fort, qui fut appelĂ© dans la suite le Fort de lâOlivier, & qui dans les siĂšcles suivants donna le mĂȘme nom Ă ce port. Mais, de peur quâil ne semblĂąt quâon abandonnait entiĂšrement le rivage de la Mer, on bĂątit au pied de la montagne un beau MonastĂšre appelĂ© de S. Marie de Beaulieu, dont S. Hospitius a Ă©tĂ© abbĂ©. Ce saint, pour vaquer avec plus de libertĂ© au service de Dieu, sâenfermait quelquefois dans une tour, situĂ©e dans la presquâĂźle, oĂč est prĂ©sentement la forteresse nommĂ©e de Sant Sospir ; sur quoi on peut consulter GrĂ©goire de Tours, dans son Histoire des Français, Liv. VI, Chap. 6. Il y avait aussi des cellules ça & lĂ prĂšs du port, construites par des moines & par des ermites, principalement dans lâendroit oĂč lâon voit encore des masures de lâĂ©glise de S. Jean aux Crottes, & de S. Etienne de Cortina. Les choses demeurĂšrent en cet Ă©tat, jusquâen M.CC.XCV que Charles II, Roi de JĂ©rusalem & des deux Siciles, & Comte de Provence, transporta les habitants du Mont de lâhuile dans lâendroit quâon appelle prĂ©sentement Villefranche, ceignit le lieu de murailles & de tours, y bĂątit une Ă©glise consacrĂ©e Ă lâarchange S. Michel, & fit conduire une fontaine dans la ville pour la commoditĂ© des habitants, quâil honora dâailleurs de plusieurs privilĂšges & exemptions, pour attirer dans ce port les marchands & les Ă©trangers. Elle a aussi souvent Ă©tĂ© honorĂ©e de la prĂ©sence des personnes du premier rang. Ce fut Ă Villefranche que se rendirent lâAnti-pape BenoĂźt XIII, Pape parmi ceux de son parti, lâEmpereur Sigismond & Ferdinand Roi dâAragon, lâannĂ©e M.CD.VI & la suivante, pour confĂ©rer ensemble. BĂ©atrix, fille du roi de Portugal & Ă©pouse de Charles, duc de Savoie, y aborda en M.D.XXI avec la flotte qui lâescortait. Le Pape Adrien VI y fut en M.D.XXII & le roi de France François 1° en M.D.XXV lorsquâaprĂšs la bataille de Pavie il fut conduit en Espagne. En M.D.XXVII, F. Philippe Villiers de lâIsle Adam, grand maĂźtre de lâordre de S. Jean de JĂ©rusalem, aprĂšs avoir perdu la ville de Rhodes, mena les chevaliers Ă Villefranche afin que, du consentement du duc de Savoie, ils demeurassent Ă Nice. En M.D.XXIX lâEmpereur Charles-Quint, venant dâEspagne en Italie par mer, aborda Ă Villefranche ; & ce mĂȘme prince y fit un plus long sĂ©jour en M.D.XXXVIII lorsque pour conclure la paix avec François Ier roi de France, par la mĂ©diation du pape Paul III, ces trois grands princes sâassemblĂšrent Ă Nice. Je passe sous silence divers autres papes & personnes du premier rang qui se sont rendus Ă Villefranche en divers temps & oĂč elles ont Ă©tĂ© trĂšs commodĂ©ment & trĂšs bien reçues ; comme cela est arrivĂ© de notre temps & du temps de nos pĂšres aux archiducs dâAutriche, au cardinal infant, Ă la reine dâEspagne & Ă lâimpĂ©ratrice. Mais afin de rendre ce port plus assurĂ©, Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, y fit bĂątir une citadelle sur un rocher qui commande le plus la mer & quâil fallu couper pour cet effet avec le fer & le feu ; il la munit en mĂȘme temps de plusieurs grosses piĂšces dâartillerie, y mit une bonne garnison ; & en donna le gouvernement Ă AndrĂ© Provana de Layniasco, comte de Frosasque, auquel y confiera aussi le commandement des galĂšres quâil avait fait construire, dont deux furent donnĂ©es Ă lâordre de S. Lazare & Ă celui de S. Maurice. Le mĂȘme prince fit encore bĂątir le fort de S. Alban sur le sommet de la montagne voisine, afin quâil nây eĂ»t point dâendroit dont lâennemi pĂ»t sâemparer, pour battre Villefranche. Il fit aussi faire le mĂŽle quâils appellent DarsĂšne, pour y tenir les galĂšres en sĂ»reté ; & une partie ayant souffert du dommage par une subite tempĂȘte arrivĂ©e en M.D.LXXV & qui fit pĂ©rir quelques galĂšres dâEspagne qui y Ă©taient, le mĂȘme duc la fit rĂ©parer dans la suite. Charles-Emmanuel son fils & Victor-AmĂ©dĂ©e son petit fils, tous deux ducs de Savoie, afin que tout le monde pĂ»t jouir de la commoditĂ© de ce port, en firent un port franc pour toutes les nations, en mĂ©moire de quoi la ville de Nice Ă©rigea ce monument, qui est de la composition du cĂ©lĂšbre Emmanuel Theosoro, ce favori des muses, si savant dans la belle littĂ©rature : MAGNO CAROLO SABAUDIAE DUCI,
ET VICTORI AMEDEO INVICTISSIMO FILIO, QUOD IMMENSA REGALIUM ANIMORUM AMPLITUDINE NON SUOS TANTUM POPULOS, SED UNIVERSUM TERRARUM ORBEM COMPLEXI, NATIONS OMNES GRATUITA PORTUOSI LITTORIS IMMUNITATE MAGNIS AUCTA COMMODIS RECIPI VOLUERINT, AETERNUM GRATI ANIMI MONUMENTUM AD OMNIBUS UBIQUE POPULIS DEBITUM NICIA FIDELIS COLLOCAVIT. Câest-Ă -dire
Au grand Charles-Emmanuel duc de Savoie
Et Ă lâinvincible Victor-AmĂ©dĂ©e son fils, Qui, par leur gĂ©nĂ©rositĂ© royale, Dont ils on voulu donner des tĂ©moignages Non seulement Ă leurs peuples, Mais aussi Ă toute la terre ; Veulent bien recevoir gratuitement dans ce port trĂšs commode Toutes les nations ; La fidĂšle ville de Nice A dressĂ© ce monument Ă©ternel dâune reconnaissance A laquelle sont obligĂ©s tous les peuples du monde. Charles-Emmanuel II, duc de Savoie, ne voulant pas ĂȘtre moins gĂ©nĂ©reux que ses prĂ©dĂ©cesseurs, ne se contenta pas de confirmer la franchise de ce port, il en augmenta les privilĂšges ; & pour faire de Villefranche une ville de nĂ©goce sĂ»re et commode, il y invita les marchands de toutes les nations, & y Ă©tablit une compagnie, pour acheter en argent comptant les marchandises qui sây exposeraient, pour en faire des Ă©changes & les transporter en piĂ©mont & dans dâautres pays. Il fit aussi construire un bĂątiment public que les italiens nomment lazaret, sur la droite du port, ayant pour cet effet coupĂ© le rocher avec le fer & le feu, & dĂ©pensĂ© des sommes immenses. Aussi peut-il ĂȘtre mis au rang des plus beaux Ă©difices dâItalie. Il sert Ă serrer les marchandises & Ă loger ceux quâon oblige Ă faire quarantaine, avant que dâentrer dans la ville. Celle de Nice en fit bĂątir presque dans le mĂȘme temps, par les ordres du duc, un semblable, mais plus petit, dans lâendroit de la montagne, qui est vis-Ă -vis.
![]() Câest ce que nous avions Ă dire pour le prĂ©sent du port de Villefranche, qui est si grand quâil peut contenir des flottes entiĂšres & les plus grands vaisseaux. Riccioli, Morisot, Leander Alberti, Cluvier, Merula, & autres auteurs en parlent plus amplement, en traitant des lieux de cette contrĂ© oĂč les vaisseaux peuvent aborder. Seulement ne dois-je pas oublier que le port de Villefranche Ă©tant Ă lâabri de tous les autres vents, est exposĂ© au Sud-Ouest ; mais lâart et la nature ont pourvu Ă cet inconvĂ©nient ; lâart par le moyen du mĂŽle de darsĂšne, construit par le duc Emmanuel-Philibert ; & la nature par la commoditĂ© dâun autre port fort vaste situĂ© Ă lâorient, oĂč lâon pĂȘche toutes les annĂ©es une grande quantitĂ© de thons. Ces deux ports sont sĂ©parĂ©s par un petit isthme entre le continent & la presquâĂźle, dans lequel est la forteresse imprenable de S. Hospicius, dont jâai parlĂ© ci-dessus. Notes de lectureLe texte introductif est largement empruntĂ© Ă Anne Weigel, historienne, membre de la SociĂ©tĂ© savoisienne dâhistoire et dâarchĂ©ologie, auteur dâune trĂšs remarquable et trĂšs complĂšte Ă©tude sur le Theatrum Sabaudiae que lâon trouvera Ă la page : Anne Weigel : Le Theatrum Sabaudiae
BLAEU : la dynastie des Blaeu compte au moins trois gĂ©nĂ©rations. Câest dâabord Willem Janszoon Blaeu (1571-1638), Ă©lĂšve du cĂ©lĂšbre astronome Tycho-BrahĂ© et auteur dâune carte du ciel qui fit rĂ©fĂ©rence Ă lâĂ©poque. En 1600, il fonde sa propre imprimerie-librairie Ă Amsterdam. Son fils Joan I (1596-1673), cartographe et graveur sera le principal artisan du Theatrum Sabaudiae, travail achevĂ© par les trois petits-fils, Willem (1635-1685), Pieter (1637-1706) et Joan II (1650-1712) qui maintiendront la rĂ©putation de leur maison dâĂ©dition jusquâau dĂ©but du XVIII° siĂšcle. Charles-Emmanuel II : 14e duc de Savoie, de 1638 Ă 1675. NĂ© Ă Turin le 20 juin 1634, il est le fils cadet de Victor-AmĂ©dĂ©e Ier et de Christine de France, « Madame Royale », la sĆur du roi Louis XIII. Il devient duc Ă 4 ans, Ă la mort de son frĂšre ainĂ©. Sous la rĂ©gence de sa mĂšre, qui maintiendra le duchĂ© dans le giron de la France, lâinfluence de cette derniĂšre se fera de plus en plus sentir, sous la pression absolutiste de Louis XIV. Et lâon comprend mieux ainsi les ambitions de Christine de France et du duc, Ă travers la publication du Theatrum Sabaudiae. En 1663, Charles-Emmanuel II Ă©pouse en premiĂšres noces sa cousine Françoise-Madeleine, fille de Gaston, duc dâOrlĂ©ans. Devenu veuf un an plus tard, il se remarie avec Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours. Il meurt le 12 juin 1675. Victor-AmĂ©dĂ©e II, 15e duc de Savoie, de 1675 Ă 1713 puis roi de Sicile, de 1713 Ă 1720 et enfin roi de Sardaigne, de 1720 Ă 1730. NĂ© Ă Turin le 4 mai 1666, il est lui aussi placĂ©, lorsquâil succĂšde Ă son pĂšre en 1675, sous la rĂ©gence de sa mĂšre qui poursuivra une politique identique de rapprochement avec la France. Deux ans aprĂšs la publication du Theatrum Sabaudiae, en 1684, il Ă©pouse Anne-Marie dâOrlĂ©ans, niĂšce de Louis XIV. Il Ă©carte sa mĂšre du pouvoir et nâaura de cesse de rendre Ă la Savoie son indĂ©pendance. Mais il se heurte aux ambitions belliqueuses de Louis XIV qui, sur les conseils de Vauban, envahira par deux fois le comtĂ© de Nice quâil ne restituera quâen 1713. BORGONIO Giovanni Tommaso (1620-vers 1690) est le crĂ©ateur de la plupart des planches gravĂ©es du Theatrum Sabaudiae. Il serait nĂ© Ă Pernaldo, en Ligurie, patrie de la cĂ©lĂšbre famille dâastronomes Cassini. EntrĂ© dans lâadministration turinoise en 1649-1650 comme secrĂ©taire du duc Charles-Emmanuel II, il devient ingĂ©nieur des fortifications, topographe et cartographe, titre officiel quâil acquiert en 1676. MORELLO Carlo. Premier ingĂ©nieur et lieutenant-gĂ©nĂ©ral de lâartillerie puis architecte, il participe Ă lâĂ©laboration de plans, dont le parc de Racconigi, et Ă la construction de nombreux bĂątiments comme le Palais royal de Turin dont il achĂšve la façade. On lui doit des Avvertimenti sopra le fortezze di S.A.R. (Observations sur les forteresses de S.A.R.), carnet de croquis publiĂ© en 1656, parmi lesquels de nombreux plans des forteresses du comtĂ© de Nice ainsi quâun plan dâextension de la ville et un projet de port aux Ponchettes (sous la colline du chĂąteau).
Pierre Gioffredo
GIOFFREDO Pierre est nĂ© Ă Nice le 16 aoĂ»t 1629. AprĂšs une solide formation au collĂšge que les JĂ©suites venaient dâimplanter Ă Nice, il est nommĂ© directeur des Ă©coles primaires de la ville, fonction quâil assumera jusquâen 1660. En 1653, il est ordonnĂ© prĂȘtre. Outre le Theatrum Sabaudiae dont il fut le principal rĂ©dacteur, lâĆuvre majeure de Gioffredo est sa Storia delle Alpi marritime, Histoire des Alpes-Maritimes dont il termine la rĂ©daction en latin et en italien, en 1680 mais qui ne sera imprimĂ©e et publiĂ©e quâen 1839 ! Une traduction en Français par lâAcadĂšmia Nissarda de cet ouvrage, depuis bien longtemps introuvable, devrait bientĂŽt paraĂźtre. Elle est impatiemment attendue car cette Histoire, reprise et copiĂ©e par de trĂšs nombreux historiens niçois, fait toujours autoritĂ© |
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