05-06-2014  (3521 ) Categoria: Articles

LE THEATRUM SABAUDIAE

Manifeste politique publié par les ducs de Savoie en 1682

 

(JPG)

Cette description, la premiÚre du genre, est extraite du prestigieux « Theatrum Sabaudiae » ou, plus exactement


Theatrum Statuum Regiae
Celsitudinis Sabaudiae Ducis
Pedemontii Principis
Cypri Regis


publiĂ© en 1682, Ă  la suite d’une commande des ducs de Savoie.

Bien Ă©videmment il ne s’agit pas d’un « guide touristique », au sens moderne du terme, mais plutĂŽt, ce Théùtre des Etats de son Altesse Royale le Duc de Savoye, Prince de PiĂ©mont, Roy de Cypre , constitue un manifeste politique qui devait montrer aux autres puissances europĂ©ennes, et principalement Ă  la Cour de Versailles, l’étendue, l’opulence, la variĂ©tĂ© et la respectable anciennetĂ© d’une principautĂ© essentiellement alpine, Ă  l’exception du comtĂ© de Nice, et qui aspirait Ă  la dignitĂ© royale.

(JPG)
Charles-Emmanuel II

L’initiative en revient au jeune duc Charles-Emmanuel II qui, encore placĂ© sous la rĂ©gence de sa mĂšre, Marie-Christine de France, sƓur du roi Louis XIII, incita, dĂšs 1657, la Commune de Turin Ă  faire la relation et Ă  lever les plans, non seulement de la ville mais des lieux de plaisance des environs appartenant Ă  leurs « Altesses Royales ».

Le duc fit appel au cĂ©lĂšbre Ă©diteur d’Amsterdam, Joan Blaeu, qui avait dĂ©jĂ  fait paraĂźtre un Theatrum illustrĂ© de gravures des principales villes de Flandres. La rĂ©daction de l’ouvrage devait suivre un plan clairement Ă©tabli faisant ressortir les diffĂ©rents thĂšmes choisis : la gĂ©ographie, l’hĂ©ritage de l’AntiquitĂ© romaine, la prĂ©sentation des monuments et des Ă©glises, l’évocation des paysages ruraux et urbains, les productions de l’agriculture et de l’artisanat ; enfin, quelques prĂ©cisions relatives aux hommes illustres.

Faute d’un financement suffisant, les villes elles-mĂȘmes devant contribuer Ă  la dĂ©pense, dans un contexte Ă©conomique dĂ©sastreux, l’entreprise connut un retard considĂ©rable. Elle faillit mĂȘme ne pas aboutir en raison d’un terrible incendie qui, dans la nuit du 2 au 3 fĂ©vrier 1672, dĂ©truisit presqu’entiĂšrement l’imprimerie des Blaeu qui employait alors pas moins de huit cent ouvriers.

(JPG)
Victor-Amédée II

C’est alors que Charles-Emmanuel II dĂ©cida de ne plus se limiter aux seules villes du PiĂ©mont mais de reprĂ©senter Ă©galement ses possessions d’au-delĂ  des Alpes, la Savoie et le comtĂ© de Nice. Il faudra encore dix ans pour que le travail soit achevĂ©, sous le rĂšgne de Victor-AmĂ©dĂ©e II.

Pour la rĂ©daction de l’ouvrage, on fit appel aux plus Ă©minents spĂ©cialistes du duchĂ©. Citons parmi eux Carlo Morello et son fils Michelangelo mais surtout Giovanni Tommaso Borgonio pour les illustrations et les relevĂ©s topographiques, d’une Ă©tonnante prĂ©cision. Quant Ă  la direction Ă©ditoriale, elle fut confiĂ©e Ă  Pierre Gioffredo, originaire de Nice, historien de la Maison de Savoie et prĂ©cepteur du futur duc Victor-AmĂ©dĂ©e II.

En janvier 1682, les Blaeu annoncĂšrent Ă  la rĂ©gente, Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours que l’ouvrage Ă©tait terminĂ©. La premiĂšre Ă©dition du Theatrum, rĂ©digĂ©e en latin, comprenait quarante-cinq exemplaires originaux, quatre autres immenses exemplaires dont les planches Ă©taient colorĂ©es et un cinquiĂšme en noir et blanc. La livraison en fut faite par voie maritime. On fit construire en Hollande, oĂč travaillaient les meilleurs charpentiers de marine de l’époque, deux navires, le « Saint-Victor » et le « Saint-Jean-Baptiste », Ă  bord desquels les prĂ©cieux volumes furent transportĂ©s, entre mai et novembre 1682. Les vaisseaux arrivĂšrent Ă  Villefranche et de lĂ  un convoi de mulets achemina les livres rangĂ©s dans des tonneaux jusqu’à Turin.

Cette premiĂšre Ă©dition offerte en cadeau par la RĂ©gente aux diffĂ©rentes cours europĂ©ennes, connut un large succĂšs. Pour autant les Ă©diteurs Ă©taient loin d’ĂȘtre rentrĂ©s dans leurs frais. Aussi, en 1693, Pieter et Joan Blaeu dĂ©cidĂšrent-ils de publier une seconde Ă©dition, cette fois en nĂ©erlandais pour rendre l’Ɠuvre accessible Ă  un plus large public. En 1700, leur gendre, Adriaen Moetjens, qui avait repris l’entreprise d’imprimerie, publia une traduction française.

En 1725, un autre Ă©diteur installĂ© Ă  La Haye, Rutgert Christophle Alberts, fit un second tirage en français, dont est tirĂ© le texte prĂ©sentĂ© ici. Il faudra attendre 1960 pour qu’enfin une Ă©dition en italien soit publiĂ©e Ă  Turin !

(JPG)
Frontispice de l’édition de 1725

 


Description de la ville de Villefranche

VILLEFRANCHE de Nice, diffĂ©rente de Villefranche de PiĂ©mont, est Ă©loignĂ©e de Nice d’environ deux milles vers l’Orient sur le bord d’un Golfe entourĂ© de montagnes & de rochers, oĂč les Alpes maritimes abaissant leur sommet forment un port entre deux promontoires, qui se recourbent ; dont celui qui est Ă  l’Occident s’appelle Mons Bonosus ou Boson, & l’autre Ă  l’Orient se nomme Male-langue.

Pline, PtolĂ©mĂ©e et les autres bons gĂ©ographes de l’AntiquitĂ© l’ont appelĂ© le Port d’Hercule de MonƓcus, Herculis MonƓci Portus ; qui est diffĂ©rent de la Rade de Monaco, comme parlent les Italiens, ou de Mourgues, selon les Français. Lucain fait mention de ce port et de cette Rade, dans le Liv. I de sa Pharsale, en ces termes :

QuĂąque sub Herculeo sacratus nomine Portus
Urget rupe cavù pelagus ; non Corus in illum,
Jus habet aut Zephyrus ; solus sua littora turbat
Circius, & tutñ prohibet statione MonƓci.
Et PtolĂ©mĂ©e dĂ©crit sĂ©parĂ©ment dans sa troisiĂšme carte de l’Europe, le Port d’Hercule, qui est Villefranche, & celui de MonƓcus, qui est Monaco. AprĂšs l’embouchure du Var, dit-il, on rencontre sur la mer de Ligurie, Nice Colonie de ceux de Marseille, le Port d’Hercule, qui est Villefranche, les TrophĂ©es d’Auguste, c’est-Ă -dire Torbia, & le Port de MonƓcus, qui est Monaco. Et Silius dans le Liv. XV. de la Guerre Punique, appelle les Collines d’Hercule, & les Rochers couverts de nuages de Monaco, les montagnes qui sont entre ces deux Ports, & que l’ItinĂ©raire d’Antonin nomme les hautes Alpes : voici les vers de Silius Italicus :
Interea Rutulis longinqua per aequora victis
Herculei ponto coepere existere colles,
Et nebulosa jugis attolere saxa Monoeci.

Mais quand les Anciens parlent du Port d’Hercule de MonƓcus, cela se doit entendre du Port de Villefranche. Et c’est, sans doute, en ce sens qu’il faut prendre ce que dit Tacite au Liv. III de son Histoire ; oĂč aprĂšs avoir rapportĂ© que Fabius Valens, Ă©tant parti du Golfe de Pise, fut contraint de relĂącher dans le Port d’Hercule de MonƓcus, il ajoute que Marius Maturus, Gouverneur des Alpes Maritimes, n’était pas Ă©loignĂ© de lĂ , Ă©tant Ă  Cemenelion, ancienne ville maintenant ruinĂ©e, prĂšs de Nice, du cĂŽtĂ© du Nord.

(JPG)

Les Barbares s’étant emparĂ©, dans la suite, de l’Italie & des Gaules, ce Port fut beaucoup moins habitĂ©, ceux qui demeuraient ayant laissĂ© leur ancienne habitation prĂšs de la mer, pour mettre Ă  couvert de l’invasion des Barbares leurs personnes & leurs effets, & s’étant allĂ© Ă©tablir sur le sommet d’une montagne, oĂč ils bĂątirent un fort, qui fut appelĂ© dans la suite le Fort de l’Olivier, & qui dans les siĂšcles suivants donna le mĂȘme nom Ă  ce port. Mais, de peur qu’il ne semblĂąt qu’on abandonnait entiĂšrement le rivage de la Mer, on bĂątit au pied de la montagne un beau MonastĂšre appelĂ© de S. Marie de Beaulieu, dont S. Hospitius a Ă©tĂ© abbĂ©. Ce saint, pour vaquer avec plus de libertĂ© au service de Dieu, s’enfermait quelquefois dans une tour, situĂ©e dans la presqu’üle, oĂč est prĂ©sentement la forteresse nommĂ©e de Sant Sospir ; sur quoi on peut consulter GrĂ©goire de Tours, dans son Histoire des Français, Liv. VI, Chap. 6. Il y avait aussi des cellules ça & lĂ  prĂšs du port, construites par des moines & par des ermites, principalement dans l’endroit oĂč l’on voit encore des masures de l’église de S. Jean aux Crottes, & de S. Etienne de Cortina.

Les choses demeurĂšrent en cet Ă©tat, jusqu’en M.CC.XCV que Charles II, Roi de JĂ©rusalem & des deux Siciles, & Comte de Provence, transporta les habitants du Mont de l’huile dans l’endroit qu’on appelle prĂ©sentement Villefranche, ceignit le lieu de murailles & de tours, y bĂątit une Ă©glise consacrĂ©e Ă  l’archange S. Michel, & fit conduire une fontaine dans la ville pour la commoditĂ© des habitants, qu’il honora d’ailleurs de plusieurs privilĂšges & exemptions, pour attirer dans ce port les marchands & les Ă©trangers. Elle a aussi souvent Ă©tĂ© honorĂ©e de la prĂ©sence des personnes du premier rang. Ce fut Ă  Villefranche que se rendirent l’Anti-pape BenoĂźt XIII, Pape parmi ceux de son parti, l’Empereur Sigismond & Ferdinand Roi d’Aragon, l’annĂ©e M.CD.VI & la suivante, pour confĂ©rer ensemble. BĂ©atrix, fille du roi de Portugal & Ă©pouse de Charles, duc de Savoie, y aborda en M.D.XXI avec la flotte qui l’escortait.

Le Pape Adrien VI y fut en M.D.XXII & le roi de France François 1° en M.D.XXV lorsqu’aprĂšs la bataille de Pavie il fut conduit en Espagne. En M.D.XXVII, F. Philippe Villiers de l’Isle Adam, grand maĂźtre de l’ordre de S. Jean de JĂ©rusalem, aprĂšs avoir perdu la ville de Rhodes, mena les chevaliers Ă  Villefranche afin que, du consentement du duc de Savoie, ils demeurassent Ă  Nice. En M.D.XXIX l’Empereur Charles-Quint, venant d’Espagne en Italie par mer, aborda Ă  Villefranche ; & ce mĂȘme prince y fit un plus long sĂ©jour en M.D.XXXVIII lorsque pour conclure la paix avec François Ier roi de France, par la mĂ©diation du pape Paul III, ces trois grands princes s’assemblĂšrent Ă  Nice. Je passe sous silence divers autres papes & personnes du premier rang qui se sont rendus Ă  Villefranche en divers temps & oĂč elles ont Ă©tĂ© trĂšs commodĂ©ment & trĂšs bien reçues ; comme cela est arrivĂ© de notre temps & du temps de nos pĂšres aux archiducs d’Autriche, au cardinal infant, Ă  la reine d’Espagne & Ă  l’impĂ©ratrice.

Mais afin de rendre ce port plus assurĂ©, Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, y fit bĂątir une citadelle sur un rocher qui commande le plus la mer & qu’il fallu couper pour cet effet avec le fer & le feu ; il la munit en mĂȘme temps de plusieurs grosses piĂšces d’artillerie, y mit une bonne garnison ; & en donna le gouvernement Ă  AndrĂ© Provana de Layniasco, comte de Frosasque, auquel y confiera aussi le commandement des galĂšres qu’il avait fait construire, dont deux furent donnĂ©es Ă  l’ordre de S. Lazare & Ă  celui de S. Maurice.

Le mĂȘme prince fit encore bĂątir le fort de S. Alban sur le sommet de la montagne voisine, afin qu’il n’y eĂ»t point d’endroit dont l’ennemi pĂ»t s’emparer, pour battre Villefranche. Il fit aussi faire le mĂŽle qu’ils appellent DarsĂšne, pour y tenir les galĂšres en sĂ»reté ; & une partie ayant souffert du dommage par une subite tempĂȘte arrivĂ©e en M.D.LXXV & qui fit pĂ©rir quelques galĂšres d’Espagne qui y Ă©taient, le mĂȘme duc la fit rĂ©parer dans la suite. Charles-Emmanuel son fils & Victor-AmĂ©dĂ©e son petit fils, tous deux ducs de Savoie, afin que tout le monde pĂ»t jouir de la commoditĂ© de ce port, en firent un port franc pour toutes les nations, en mĂ©moire de quoi la ville de Nice Ă©rigea ce monument, qui est de la composition du cĂ©lĂšbre Emmanuel Theosoro, ce favori des muses, si savant dans la belle littĂ©rature :

MAGNO CAROLO SABAUDIAE DUCI,
ET VICTORI AMEDEO INVICTISSIMO FILIO,
QUOD IMMENSA REGALIUM ANIMORUM AMPLITUDINE
NON SUOS TANTUM POPULOS,
SED UNIVERSUM TERRARUM ORBEM COMPLEXI,
NATIONS OMNES
GRATUITA PORTUOSI LITTORIS IMMUNITATE
MAGNIS AUCTA COMMODIS RECIPI VOLUERINT,
AETERNUM GRATI ANIMI MONUMENTUM
AD OMNIBUS UBIQUE POPULIS DEBITUM
NICIA FIDELIS COLLOCAVIT.
C’est-à-dire
Au grand Charles-Emmanuel duc de Savoie
Et Ă  l’invincible Victor-AmĂ©dĂ©e son fils,
Qui, par leur générosité royale,
Dont ils on voulu donner des témoignages
Non seulement Ă  leurs peuples,
Mais aussi à toute la terre ;
Veulent bien recevoir gratuitement dans ce port trĂšs commode
Toutes les nations ;
La fidĂšle ville de Nice
A dressĂ© ce monument Ă©ternel d’une reconnaissance
A laquelle sont obligés tous les peuples du monde.
Charles-Emmanuel II, duc de Savoie, ne voulant pas ĂȘtre moins gĂ©nĂ©reux que ses prĂ©dĂ©cesseurs, ne se contenta pas de confirmer la franchise de ce port, il en augmenta les privilĂšges ; & pour faire de Villefranche une ville de nĂ©goce sĂ»re et commode, il y invita les marchands de toutes les nations, & y Ă©tablit une compagnie, pour acheter en argent comptant les marchandises qui s’y exposeraient, pour en faire des Ă©changes & les transporter en piĂ©mont & dans d’autres pays. Il fit aussi construire un bĂątiment public que les italiens nomment lazaret, sur la droite du port, ayant pour cet effet coupĂ© le rocher avec le fer & le feu, & dĂ©pensĂ© des sommes immenses. Aussi peut-il ĂȘtre mis au rang des plus beaux Ă©difices d’Italie. Il sert Ă  serrer les marchandises & Ă  loger ceux qu’on oblige Ă  faire quarantaine, avant que d’entrer dans la ville. Celle de Nice en fit bĂątir presque dans le mĂȘme temps, par les ordres du duc, un semblable, mais plus petit, dans l’endroit de la montagne, qui est vis-Ă -vis.

(JPG)

C’est ce que nous avions Ă  dire pour le prĂ©sent du port de Villefranche, qui est si grand qu’il peut contenir des flottes entiĂšres & les plus grands vaisseaux. Riccioli, Morisot, Leander Alberti, Cluvier, Merula, & autres auteurs en parlent plus amplement, en traitant des lieux de cette contrĂ© oĂč les vaisseaux peuvent aborder. Seulement ne dois-je pas oublier que le port de Villefranche Ă©tant Ă  l’abri de tous les autres vents, est exposĂ© au Sud-Ouest ; mais l’art et la nature ont pourvu Ă  cet inconvĂ©nient ; l’art par le moyen du mĂŽle de darsĂšne, construit par le duc Emmanuel-Philibert ; & la nature par la commoditĂ© d’un autre port fort vaste situĂ© Ă  l’orient, oĂč l’on pĂȘche toutes les annĂ©es une grande quantitĂ© de thons. Ces deux ports sont sĂ©parĂ©s par un petit isthme entre le continent & la presqu’üle, dans lequel est la forteresse imprenable de S. Hospicius, dont j’ai parlĂ© ci-dessus.




Notes de lecture

Le texte introductif est largement empruntĂ© Ă  Anne Weigel, historienne, membre de la SociĂ©tĂ© savoisienne d’histoire et d’archĂ©ologie, auteur d’une trĂšs remarquable et trĂšs complĂšte Ă©tude sur le Theatrum Sabaudiae que l’on trouvera Ă  la page :

Anne Weigel : Le Theatrum Sabaudiae

BLAEU : la dynastie des Blaeu compte au moins trois gĂ©nĂ©rations. C’est d’abord Willem Janszoon Blaeu (1571-1638), Ă©lĂšve du cĂ©lĂšbre astronome Tycho-BrahĂ© et auteur d’une carte du ciel qui fit rĂ©fĂ©rence Ă  l’époque. En 1600, il fonde sa propre imprimerie-librairie Ă  Amsterdam. Son fils Joan I (1596-1673), cartographe et graveur sera le principal artisan du Theatrum Sabaudiae, travail achevĂ© par les trois petits-fils, Willem (1635-1685), Pieter (1637-1706) et Joan II (1650-1712) qui maintiendront la rĂ©putation de leur maison d’édition jusqu’au dĂ©but du XVIII° siĂšcle.

Charles-Emmanuel II : 14e duc de Savoie, de 1638 Ă  1675. NĂ© Ă  Turin le 20 juin 1634, il est le fils cadet de Victor-AmĂ©dĂ©e Ier et de Christine de France, « Madame Royale », la sƓur du roi Louis XIII. Il devient duc Ă  4 ans, Ă  la mort de son frĂšre ainĂ©. Sous la rĂ©gence de sa mĂšre, qui maintiendra le duchĂ© dans le giron de la France, l’influence de cette derniĂšre se fera de plus en plus sentir, sous la pression absolutiste de Louis XIV. Et l’on comprend mieux ainsi les ambitions de Christine de France et du duc, Ă  travers la publication du Theatrum Sabaudiae. En 1663, Charles-Emmanuel II Ă©pouse en premiĂšres noces sa cousine Françoise-Madeleine, fille de Gaston, duc d’OrlĂ©ans. Devenu veuf un an plus tard, il se remarie avec Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours. Il meurt le 12 juin 1675.

Victor-AmĂ©dĂ©e II, 15e duc de Savoie, de 1675 Ă  1713 puis roi de Sicile, de 1713 Ă  1720 et enfin roi de Sardaigne, de 1720 Ă  1730. NĂ© Ă  Turin le 4 mai 1666, il est lui aussi placĂ©, lorsqu’il succĂšde Ă  son pĂšre en 1675, sous la rĂ©gence de sa mĂšre qui poursuivra une politique identique de rapprochement avec la France. Deux ans aprĂšs la publication du Theatrum Sabaudiae, en 1684, il Ă©pouse Anne-Marie d’OrlĂ©ans, niĂšce de Louis XIV. Il Ă©carte sa mĂšre du pouvoir et n’aura de cesse de rendre Ă  la Savoie son indĂ©pendance. Mais il se heurte aux ambitions belliqueuses de Louis XIV qui, sur les conseils de Vauban, envahira par deux fois le comtĂ© de Nice qu’il ne restituera qu’en 1713.
La mĂȘme annĂ©e, Ă  la suite du TraitĂ© d’Utrecht, qui met fin Ă  la guerre de succession d’Espagne, le duc de Savoie accĂšde enfin au titre de roi en obtenant la Sicile qu’il Ă©change ensuite contre la Sardaigne en 1720. C’est alors qu’il entreprend la construction du "port royal" de Villefranche, tel qu’il demeure encore aujourd’hui.

BORGONIO Giovanni Tommaso (1620-vers 1690) est le crĂ©ateur de la plupart des planches gravĂ©es du Theatrum Sabaudiae. Il serait nĂ© Ă  Pernaldo, en Ligurie, patrie de la cĂ©lĂšbre famille d’astronomes Cassini. EntrĂ© dans l’administration turinoise en 1649-1650 comme secrĂ©taire du duc Charles-Emmanuel II, il devient ingĂ©nieur des fortifications, topographe et cartographe, titre officiel qu’il acquiert en 1676.

MORELLO Carlo. Premier ingĂ©nieur et lieutenant-gĂ©nĂ©ral de l’artillerie puis architecte, il participe Ă  l’élaboration de plans, dont le parc de Racconigi, et Ă  la construction de nombreux bĂątiments comme le Palais royal de Turin dont il achĂšve la façade. On lui doit des Avvertimenti sopra le fortezze di S.A.R. (Observations sur les forteresses de S.A.R.), carnet de croquis publiĂ© en 1656, parmi lesquels de nombreux plans des forteresses du comtĂ© de Nice ainsi qu’un plan d’extension de la ville et un projet de port aux Ponchettes (sous la colline du chĂąteau).

(JPG)
Pierre Gioffredo

GIOFFREDO Pierre est nĂ© Ă  Nice le 16 aoĂ»t 1629. AprĂšs une solide formation au collĂšge que les JĂ©suites venaient d’implanter Ă  Nice, il est nommĂ© directeur des Ă©coles primaires de la ville, fonction qu’il assumera jusqu’en 1660. En 1653, il est ordonnĂ© prĂȘtre.
En 1657 il publie sa premiĂšre oeuvre historique, le Nicaea Civitas sacris monumentis illustrata (La ville de Nice illustrĂ©e par ses monuments sacrĂ©s) qui le fait remarquer par le duc Charles-Emmanuel II qui l’invite Ă  Turin oĂč il sera nommĂ© historien de la Maison de Savoie en 1662 puis prĂ©cepteur et aumĂŽnier du futur duc Victor-AmĂ©dĂ©e II en 1673. L’annĂ©e suivante il reçoit aussi la charge de bibliothĂ©caire ducal.
En 1679 il reçoit la croix de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. AprĂšs l’accession au trone de Victor-Emmanuel II, il est dĂ©chargĂ© de ses fonctions de prĂ©cepteur et reçoit, en 1688, l’abbatiat du monastĂšre de Sainte-Marie des Alpes (Notre-Dame d’Aulps, au sud de Thonon) qu’il Ă©change en 1689 contre celui de Saint-Pons, Ă  Nice oĂč il rentre pour y mourir le 11 novembre 1992, non sans avoir, au prĂ©alable, nĂ©gociĂ© la capitulation de la ville auprĂšs des Français en mars 1691.

Outre le Theatrum Sabaudiae dont il fut le principal rĂ©dacteur, l’Ɠuvre majeure de Gioffredo est sa Storia delle Alpi marritime, Histoire des Alpes-Maritimes dont il termine la rĂ©daction en latin et en italien, en 1680 mais qui ne sera imprimĂ©e et publiĂ©e qu’en 1839 ! Une traduction en Français par l’AcadĂšmia Nissarda de cet ouvrage, depuis bien longtemps introuvable, devrait bientĂŽt paraĂźtre. Elle est impatiemment attendue car cette Histoire, reprise et copiĂ©e par de trĂšs nombreux historiens niçois, fait toujours autoritĂ©


Mis en ligne le 7 juillet 2007






versió per imprimir

    Afegeix-hi un comentari:

    Nom a mostrar:
    E-mail:
    IntroduĂŻu el codi de seguretat
    Accepto les condicions d'ús següents:

    _KMS_WEB_BLOG_COMMENTS_ADVICE